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Les plus grandes capitalisations boursières au monde

La technologie américaine domine depuis plusieurs années le classement des plus grosses entreprises cotées au monde. Certaines ont dépassé les 1 000 milliards de dollars de capitalisation, atteignant ainsi le mythique billion. Ce n’était jamais arrivé dans l’histoire. Découvrez l’évolution en temps réel de la compétition que se livrent les plus grandes entreprises au monde. Bienvenue à l’ère des Titans ! 

Quelles sont les premières capitalisations boursières dans le monde ?

Voici la liste actualisée des 100 plus grosses entreprises cotées au monde :


Mise à jour quotidienne – Cliquez sur le nom d’une entreprise pour consulter sa fiche détaillée

Données fournies sans garantie 

Y a‑t-il des entreprises non cotées qui valent plus cher ?

La plus grande entreprise au monde n’est peut-être pas dans le classement ci-dessus. Il s’agit de Saudi Aramco, la compagnie pétrolière de l’Arabie Saoudite ! Elle détient la quasi-totalité des gigantesques réserves de pétrole du pays. Sa capitalisation boursière tourne autour de 2 000 milliards de dollars en 2022. Oui, j’ai bien écrit « capitalisation boursière ». Aramco est en effet une entreprise cotée, mais cotée à la bourse Riyad. Or, ce marché est inaccessible pour les investisseurs particuliers qui ne résident pas sur place. Il est de plus extrêmement difficile d’y investir pour les investisseurs institutionnels étrangers. Aramco reste d’ailleurs une entreprise très majoritairement détenue par l’État, sa cotation en bourse peut être considérée comme symbolique. Une entreprise étatique ne pouvant être directement comparée aux leaders de la cote mondiale.

Il existe toutefois de nombreuses grandes entreprises privées non cotées en bourse. Leurs valeurs sont difficiles à établir parce que, n’étant pas cotées, elles n’ont tout simplement pas de prix. Tout ce dont on dispose, ce sont leurs données comptables. Ça permet heureusement d’opérer quelques comparaisons. 

Ainsi, le groupe néerlandais de courtage pétrolier Vitol affiche un chiffre d’affaires impressionnant de 279 milliards de dollars en 2021 contre 203 milliards pour son concurrent coté Glencore. Or, le Britannique Glencore a une capitalisation boursière qui tourne autour de 60 milliards de dollars à la mi-2022. C’est beaucoup, mais très insuffisant pour concurrencer les géants américains qui dépassent les 1000 milliards. Le même raisonnement peut être tenu pour l’autre concurrent de Vitol, le Suisse Trafigura — lui aussi non coté — qui a réalisé un chiffre d’affaires de 231 milliards en 2021. En Europe, citons également les Allemands Schwarz Group propriétaire de la chaîne de supermarché Lidl et son concurrent Aldi exploitant les magasins du même nom. Leurs chiffres d’affaires ne dépassent pas les 120 milliards de dollars, ce qui est insuffisant pour espérer rivaliser en valeur avec les plus grosses entreprises de la cote, d’autant que les multiples de valorisation sont souvent faibles dans ce secteur.

Du côté des émergents, le chinois Huawei avec 100 milliards de CA en 2021 ne peut pas vraiment rivaliser avec Apple et ses 354 milliards de CA pour la même période. C’est aussi le cas de l’Indien Tata qui affiche un CA de 103 milliards dans un secteur généralement mal valorisé.

Reste à envisager ce qu’on peut trouver aux États-Unis. Sans surprise, les premiers groupes privés américains que sont Cargill avec 135 milliards de CA en 2021 et Koch Industries avec 115 milliards ne semblent pas pouvoir non plus égaler les champions de Wall Street.

Quel est l’historique des plus grandes entreprises cotées ?

La chaîne YouTube RankingCharts a réalisé une vidéo qui retrace les 10 plus grandes entreprises cotées depuis 1979. Ça dure 8 minutes. Et ça vaut le coup d’œil !

On remarque que la domination de la technologie est finalement assez récente. Les pétrolières ont été très bien classées jusqu’aux années 2010. On voit de plus les gloires se faire et se défaire. IBM a par exemple été dans les années 1980 la première capitalisation au monde. Les Japonais sont arrivés à hisser plusieurs de leurs entreprises en tête du classement avant que la crise des années 1990 ne les frappe. Même le russe Gazprom et le brésilien PetroBras ont figuré dans le classement à une époque pas si lointaine (2010).

Les GAFAM dominent aujourd’hui ce classement. Leur ère sera un jour révolue, mais en attendant, ils explosent tous les records. Apple a notamment été la première entreprise à dépasser les 1000 milliards de capitalisation en 2018 puis à atteindre les 3 000 milliards de dollars dès 2022. Microsoft, Amazon et Alphabet-Google lui disputent régulièrement le titre de première capitalisation au monde. Il est aujourd’hui difficile de voir ce qui pourrait arrêter ces géants, d’autant plus depuis la montée en puissance de l’intelligence artificielle. L’IA ne fait en effet que renforcer la suprématie américaine sur les bourses mondiales. Ainsi en 2024, Nvidia (fabricant des puces de référence pour l’IA) en profite pour se glisser dans les premières places du classement de ceux que l’on appelle désormais les magnificent seven (Apple, Microsoft, Alphabet-Google, Amazon, Nvidia, Meta-Facebook et Tesla).

La menace pourrait venir de Chine avec un mastodonte comme Tencent qui arrive régulièrement à se hisser dans le top 10. Pour l’instant, les géants chinois ne dépassent que rarement leur marché domestique ce qui limite leur ascension. Cela pourrait ne pas durer. On a déjà vu le succès de TikTok développé par le chinois ByteDance qui érode les parts de marché (et donc la valeur boursière) de Meta-Facebook.

Pourquoi les plus grosses capitalisations boursières sont américaines ?

Un rapide regard sur le classement laisse peu de place au doute : les plus grosses entreprises en bourse sont principalement américaines. Qu’on le veuille ou non, le cœur du capitalisme se trouve encore aux États-Unis.

Pour essayer de comprendre pourquoi, il faut prendre un peu de recul. Max Weber a bien montré que le monde protestant est particulièrement adapté à la création de richesse sous sa forme moderne (L’Éthique protestante et l’Esprit du capitalisme, 1905). De par son rapport au travail et à l’argent, l’Amérique protestante partait avec un avantage décisif. Les immenses richesses d’un territoire quasi vierge étaient offertes par dieu. Ceux qui sauraient les exploiter, loin d’être amoraux, ne fessaient rien d’autre qu’accomplir la volonté divine. Encore aujourd’hui, cette mentalité se rencontre beaucoup aux États-Unis. L’entrepreneur devenu milliardaire a su faire fructifier ses talents au sens la parabole des évangiles. Son succès est tout aussi légitime que sa richesse. Il est dans l’intérêt de tous qu’il en dispose comme bien lui semble, car il a fait la preuve qu’il savait créer de la richesse avec son capital. 

Cet état d’esprit portait déjà en germe un système qui met de l’argent à disposition de ceux qui savent le mieux s’en servir. Celui-ci se développa fortement dès que l’industrie imposa de lourds investissements. Wall Street incarne encore aujourd’hui cette machine à financer la machine économique américaine. Dans la vision idyllique de l’Amérique triomphante, chacun y trouve son compte. Les entrepreneurs disposent de l’argent des investisseurs et les investisseurs profitent des talents des entrepreneurs. Peu importe les arnaques ou les krachs boursiers. L’Amérique croit en son modèle.

Elle y croit au point que son système de retraite s’appuie sur les marchés financiers. Les fonds de pension américains placent des dizaines de milliards chaque année en bourse. Ces flux sont une force colossale pour l’économie américaine. Ils contribuent aussi à rendre le système socialement viable. Chaque américain a intérêt à ce que la machine économique fonctionne bien pour prendre sa retraite dans de bonnes conditions. L’actionnariat en dehors d’un plan de retraite y est aussi beaucoup plus développé qu’en Europe, renforçant encore l’acceptation de l’économie de marché aux États-Unis. La bourse s’est bien entendu développée dans d’autres pays au même moment, mais pas à cette échelle et avec cette dynamique. C’est que Wall Street s’appuie sur un territoire immense baigné d’une culture de libre entreprise devenue partie intégrante de l’American Dream.

Le financement des entreprises par la bourse distingue encore aujourd’hui fortement l’économie américaine. Nous avons d’ailleurs vu que les entreprises américaines ne sont pas aussi hégémoniques parmi les grandes entreprises non cotées. Le dynamisme de la bourse aux États-Unis se confirme d’un simple regard. La liste des plus grandes capitalisations boursière comporte en effet de nombreuses entreprises relativement jeunes, ce qui n’est pas du tout le cas en Europe. Ce n’est surement pas un hasard si les États-Unis ont vu naitre internet avant de voir émarger les géants de la technologie qui sont aujourd’hui les premières capitalisations au monde. 

Les financements offerts par Wall Street sont également attractifs pour des entrepreneurs du monde entier. La place de New York voit tous les ans un nombre inégalé d’entreprises étrangères s’y introduire. Des entreprises cotées à New York, comme Moderna, Ebay, Snowflake et Datadog, ont d’ailleurs été créés par des Français. L’Amérique est attractive pour des entrepreneurs, mais aussi pour des chercheurs et des hauts potentiels en tout domaine. C’est l’une de ses principales forces. Elle se fonde non seulement sur les conditions de financement unique que le pays offre, mais également sur la profondeur de son marché domestique, la flexibilité de son marché du travail, son ouverture à des talents étrangers, ses capacités en recherche et développement et la qualité de certaines de ses universités. 

Cette liberté à son revers. Les français savent le souligner, parfois jusqu’à la carricature. Il est vrai que le système américain n’est pas seulement sans considération pour les plus faibles, il est également sans merci pour les activités déclinantes. Le système économique américain laisse mourir des entreprises obsolètes sans état d’âme. L’intervention publique pour « sauver » une entreprise est rare. Or, cette destruction a été décrite par Schumpeter comme foncièrement vertueuse dans un système libéral. En effet, lorsque la liberté d’entreprise est assurée, la destruction d’activités peu productives s’accompagne inévitablement de la création d’activités plus rentables et utiles. Voici la fameuse destruction-créatrice ! Les États-Unis avec ce culte de la liberté et du laisser-faire sont le pays de la destruction-créatrice. Elle renouvelle sans cesse la force de la machine économique. Sans elle, le système économique se sclérose.

Ne sayons pas naïfs pour autant. À L’ensemble de ces éléments, il faut ajouter des facteurs politiques et militaires. Depuis la fin du XIXe siècle, l’Amérique est puissante. Elle le sait. Elle veut le rester. Que ce soit par la guerre, la loi ou ses alliances, l’Amérique sait faire triompher ses intérêts. C’est un pays libéral qui n’hésite pas à financer sans limites ses entreprises du secteur de la défense, à pratiquer le protectionnisme et à jouer d’influences pour s’imposer à l’étranger. Force est de constater que la puissance économique des États-Unis s’appuie sur une présence militaire et politique partout dans le monde. Cette évolution est à la base de la critique du « néolibéralisme » dans lequel certains voient une nouvelle forme d’étatisme au service des entreprises privées.

Sur ce plan-là, l’émergence de la Chine comme un géant économique et militaire est un véritable danger pour les États-Unis. D’autant plus que le modèle chinois où l’État reste au centre de tout s’oppose frontalement au modèle américain (ou du moins au modèle que l’Amérique promeut…). Déjà on voit apparaître quelques entreprises chinoises dans les premières capitalisations boursières au monde. Les actionnaires de ces sociétés doivent faire avec l’intervention publique constante dans les affaires. J’ai personnellement choisi de m’exposer faiblement à la Chine. Une exposition minimale me semble nécessaire, car j’imagine bien dans 20 ans les entreprises chinoises truster les premières capitalisations au monde, mais je me méfie du peu de transparence et de considération pour la propriété privée dans un système qui reste de culture communiste.