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PER par secteur à la bourse de Paris

Le Price Earning Ratio (PER ou PE) donne une bonne idée du niveau de valorisation d’une action ou d’un indice. Il est toutefois encore plus intéressant de regarder le PE par secteur d’activité. Certains secteurs se payent très cher pendant que d’autres semblent bradés. Pourquoi ces différences ? Nous allons essayer de la comprendre en passant en revenu la cote française.

Pour cela nous avons retenu l’indice large CAC All-tradable. Chaque action de cet indice a été placée dans l’une des 11 secteurs d’activité définis par le Classification Global Industry Classification Standard (GICS) (voir la présentation de ces secteurs par MorningStar). Vous trouverez sur cette page le PER pour chacun de ces secteurs (pondérés par la capitalisation) ainsi que la liste des actions du CAC All-tradable présentes dans chaque secteur.

Voir aussi : Le PER en détail PER CAC 40

Données fournies sans garantie 

Technologie

Observations : Le PER des entreprises technologiques est souvent supérieur à la moyenne de la cote. Le secteur tech est réputé pour sa forte croissance et sa bonne rentabilité. Autant d’éléments qui conduisent les investisseurs à le payer plus cher. Cela est encore plus vrai aux États-Unis où le roi Nasdaq domine les indices. Attention toutefois, l’histoire montre qu’en France comme ailleurs, la technologie est un secteur régulièrement surévalué. Ainsi, il est arrivé que le PER de la tech s’envole avant que l’éclatement d’une bulle ne le ramène à des niveaux plus décents.

Consommation cyclique

Observations : La composition du secteur de la consommation cyclique est très particulière en France. On y trouve en première place les leaders mondiaux du luxe ! Or le luxe est souvent un domaine bien valorisé. Il est en effet beaucoup plus résistant et rentable que les autres composants du secteur comme l’automobile. Il faut donc prendre le PER du secteur de la consommation discrétionnaire français comme (en bonne partie) le PER du secteur du luxe. Il faut aussi se souvenir que le luxe connaît des cycles différents du reste du secteur.

Consommation défensive

Observations : L’intitulé du secteur est explicite : on classe dans cette catégorie les entreprises produisant de biens de consommation que l’on achète même en période de crise. C’est le royaume des yaourts, alcools et autres shampoing. En contrepartie, la croissance du secteur est mollassonne en période de croissance économique. Les marges sont souvent assez étroites, surtout dans le secteur de la distribution. Tout cela justifie généralement des PER bas. À noter la présence en France de L’Oréal en tête de cette catégorie. Or, L’Oréal s’apparente en partie à une entreprise du secteur du luxe avec de belles marges et une croissance (relativement) correcte. Son PER est donc plus élevé que les autres entreprises du secteur ce qui conduit la moyenne du PER vers le haut.

Immobilier

Observations : La plupart des entreprises du secteur immobilier à la bourse de Paris ont le statut de SIIC (Société d’Investissement Immobilier Cotée), l’équivalent des REIT aux Etats-Unis. Il s’agit donc de foncières disposant d’un vaste parc immobilier dont elles doivent reverser la majorité des loyers à leurs actionnaires. Leur valorisation dépend de facteur très divers comme le niveau des taux, leur niveau d’endettement et la santé du marché immobilier sur lequel elles opèrent (voir notre article listant les foncières françaises). À noter que le PER n’est pas le ratio le plus adapté pour les évaluer car leur résultat net est parasité par des éléments non récurrents. Le ratio à privilégier pour évaluer une foncière est le Price / AFFO (Adjusted Funds From Operations). À l’inverse, on trouve aussi des constructeurs dans le secteur immobilier en France, eux peuvent être jugé par le PER tout en gardant en tête qu’il s’agit d’une activité très cyclique.

Santé

Observations : Le secteur de la santé est classé par MorningStar dans les défensifs. Il est vrai que les dépenses en matière de santé résistent généralement très bien aux crises. C’est également un secteur d’activité en croissance régulière doté de bonnes marges. Cela explique que son PER moyen soit en moyenne assez élevé.

Matériaux de base

Observation : Les entreprises du secteur des matériaux de base on en commun de fournir des matériaux indispensables à de nombreux secteurs économiques. Cela cache néanmoins de grandes disparités. L’activité et les marges d’un Air Liquide sont par exemple beaucoup moins sensibles aux cycles économiques que celle du sidérurgiste ArcelorMittal. Cela justifie que le premier se paye avec un PER beaucoup plus élevé que le second. De telles disparités se retrouvent dans l’ensemble du secteur. 

Services financiers

Observations : Au cœur des services financiers, on retrouve bien entendu les bancaires européennes. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elles n’ont pas été épargnées depuis 20 ans. Quand ce n’est pas un trader fou ou une crise systémique, c’est la politique de répression financière de la BCE qui les frappe. Une chose est sûre, ce n’est pas un secteur désirable pour les investisseurs. Son PER est très bas depuis plusieurs années. L’amateur de bonnes affaires et de rendement y trouvera peut-être son compte. Mais dans le secteur des services financiers en Europe, il se trouvera peut-être plus en confiance avec quelques grands noms de l’assurance ou de la réassurance comme Scor ou Axa. 

Services publics / Utility 

Observations : Le secteur des Utility est classé comme défensif par MorningStar. Il est vrai que nous continuons à consommer de l’électricité ou du gaz même en période de crise. La lecture du PER de ce secteur est cependant parasitée à la bourse de Paris. Veolia se trouve par exemple dans le secteur industriel alors qu’elle aurait très bien pu se trouver dans les Utility. Le classement est aussi peuplé de petits acteurs en croissance dans les énergies renouvelables. S’ils sont rentables, leurs PER est souvent élevés parce que les investisseurs les assimilent à des valeurs de croissance.

Services de communication

Observations : La France compte quelques géants des médias, de la pub et de la télécommunication. Chaque entreprise dispose de sa propre dynamique, mais au global le secteur souvent mal aimé. L’absence de croissance et les investissements nécessaires dans le secteur de la télécommunication pèsent sur le PER d’Orange, le leader du secteur. À l’inverse, les PER d’Ubisoft ou Nacon profite de la dynamique du secteur du jeu vidéo. Ces acteurs pèsent toutefois beaucoup moins lourd dans les indices.

Énergie

Observations : Le secteur de l’énergie est dominé en France par TotalEnergies, l’une des six majors pétrolières dans le monde. On y trouve aussi quelques parapétrolières transportant, stockant ou transformant des produits fossiles. Les résultats dans ce secteur d’activité dépendent grandement des cours du pétrole. Le PER peut donc être très trompeur parce qu’il se calcule sur les résultats des 12 derniers mois alors que le marché anticipe les résultats à venir. Une hausse ou une baisse des cours du brut peut faire exploser ou s’écrouler les bénéfices. C’est donc un secteur particulièrement cyclique. De plus, le secteur des énergies fossiles est mal valorisé depuis des années du fait de sa mauvaise réputation et surtout de son aspect « non ESG ». 

Industrie

Observations : L’industrie française — que l’on dit dévastée — comporte encore de beaux joyaux. Le secteur aérien y est bien représenté avec notamment Airbus, Safran et Dassault Aviation. D’autres leaders mondiaux comme Vinci et Schneider sont également bien placés. Globalement, il s’agit d’un secteur que les besoins en capitaux importants et à la concurrence internationale ont mis à rude épreuve. Les survivants ont fait la preuve de leur résistance, voire d’un véritable avantage compétitif. Cela justifie des PER respectables malgré une croissance souvent assez faible.