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Palmarès des dividendes (France, USA, Europe…)

De nombreuses actions versent un dividende. En rapportant la valeur de ce dividende au prix de l’action, on obtient le rendement. Celui-ci n’a rien de garanti, mais il est souvent regardé de près par les investisseurs particuliers. Voici la liste des actions au plus fort rendement dans les principaux indices mondiaux. Nous verrons ensuite quelles vérifications faire avant d’invertir dans des actions à fort dividende.

Données fournies sans garantie 

Les inconvénients des actions à haut rendement

L’idée de choisir des actions pour leur rendement vient souvent en tête de l’investisseur débutant. Il fait inconsciemment une comparaison avec les rendements des livrets ou des fonds en euros des assurances vie. Une action avec un rendement de 10% peut ressembler à une bonne affaire quand les livrets rapportent moins de 2%. Voyons pourquoi ce raisonnement est largement insuffisant.

Un dividende n’est pas garanti

Le principal problème avec le choix d’entreprises versant un fort dividende, c’est que rien ne garantit que le rendement sera maintenu dans les années à venir. Le management peut tout simplement ne plus avoir les moyens de maintenir un tel niveau de distribution, il peut aussi décider de financer de nouveaux projets ou de mettre une partie des bénéfices en réserve plutôt que de les distribuer.

Il faut aussi noter que le rendement facial (y compris celui affiché dans le tableau en haut de page) peut porter sur des éléments non récurrents. Il arrive en effet régulièrement qu’une entreprise verse un dividende exceptionnel, pourtant ainsi temporairement son rendement à des sommets.

Le rendement engendre un frottement fiscal non négligeable

Toucher un dividende met généralement l’actionnaire en joie. Pourtant, il ne s’est aucunement enrichi lorsque le « coupon » arrive sur son compte. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’avant que le dividende ne soit versé, l’investisseur est déjà propriétaire de cette somme en tant qu’actionnaire de l’entreprise. C’est la raison pour laquelle, le jour du détachement d’un dividende, le cours de l’action baisse du même montant. Il ne s’agit que d’un transfert d’une poche à une autre. Il n’y a pas plus de raison de se réjouir de toucher un dividende qu’en retirant des billets au distributeur.

La différence, c’est que le dividende engendre le paiement d’impôts. Outre l’impôt sur les sociétés payé par l’entreprise sur son bénéfice, un dividende est taxé dans la main de l’actionnaire. En France, le dividende est taxé au taux marginal d’imposition ou à la « flat tax » de 30%. Heureusement, sur PEA les dividendes ne sont pas taxés avant le retrait des sommes. La loi des intérêts composés peut donc jouer à fond pendant des années. Toutefois, s’il s’agit d’une entreprise étrangère, il faut généralement compter avec une retenue à la source qui n’est pas récupérable sur un PEA. 

Le dividende engendre donc très souvent le paiement d’un impôt alors que si l’entreprise avait gardé cet argent pour elle, l’actionnaire n’aurait rien eu à payer (à condition qu’il n’ait pas vendu ses actions, bien entendu).

Il y a mieux que les dividendes

Il existe un moyen plus efficace et sans frottement fiscal pour faire des « retours à l’actionnaire ». Depuis plusieurs années, beaucoup d’entreprises américaines — comme Apple, Microsoft ou plus récemment Berkshire Hathaway — sont friandes de stock buyback ou rachats d’actions. Il s’agit pour l’entreprise de racheter ses propres actions sur le marché. Le but est d’annuler purement est simplement les actions qu’elle rachète. Il en résulte pour l’actionnaire une augmentation mécanique de sa part dans l’entreprise. Cette opération n’est sujette à aucune taxe. Elle a de plus le mérite de soutenir le cours de bourse lorsque le programme de rachat d’actions est conséquent.

Toutefois, pour l’actionnaire, voir une entreprise réinvestir dans son business est encore plus agréable qu’un rachat d’action. Il faut bien sûr qu’elle dispose de projets avec un bon potentiel de rentabilité. Si c’est le cas, le meilleur choix à faire pour les dirigeants est sans doute de financier ces projets pour créer un maximum de richesse plutôt que de payer des dividendes ou même de procéder à des rachats d’action.

Un fort dividende est souvent le signe d’une entreprise à problèmes

Nous venons de le voir, une entreprise qui verse un fort dividende est généralement une entreprise qui ne réinvestit pas son cash dans son business. Manque-t-elle de projets ? Manque-t-elle de confiance dans son activité ? Toujours est-il qu’utiliser la majorité du bénéfice pour payer un dividende n’est pas le signe d’une boite en plein développement. Attention, de nombreuses belles entreprises payent un dividende, mais c’est lorsque le dividende devient le principal argument pour l’investisseur que ça se corse. Un investissement doit se faire parce que l’on croit dans les perspectives de l’entreprise et non pas parce qu’elle offre un généreux rendement.

Si on regarde le cours des actions versant traditionnellement un haut dividende, il n’est souvent pas brillant. Ce n’est pas un hasard. Beaucoup d’entreprises décrites comme moins désirables ont opté pour un fort dividende afin d’attirer les investisseurs. D’ailleurs, plus leurs cours s’enfoncent, plus leur rendement devient élevé (puisqu’il est calculé avec le prix au dénominateur). Or, il est malheureusement rare qu’un fort rendement compense un cours en chute libre.

ETF FTSE All-World High Dividend Yield (VHYL) vs ETF FTSE All-World (VWRL)
Évolution comparée de deux ETF de Vanguard cotés à Amsterdam. En bleu, un ETF répliquant l’indice FTSE All-World High Dividend Yield (VHYL), en jaune un autre ETF répliquant le FTSE All-World (VWRL). Sur 9 ans, le VWRL (non orienté vers les dividendes) affiche une performance de +115% alors que le VHYL se contante d’une performance de +52%. L’écart est à relativiser étant donné qu’il s’agit de deux ETF distribuants, mais il reste largement en faveur d’un indice large sans filtre orienté rendement.

Les avantages des actions à rendement

Relativisons ce qui vient d’être dit en évoquant quelques avantages des actions offrant un haut rendement. À condition d’effectuer quelques vérifications (nous allons y venir), elles peuvent dans certains cas être utiles :

  • Dans l’optique de se créer une rente, il est particulièrement difficile de savoir quel pourcentage du capital utiliser chaque année pour vivre. Calquer ce niveau sur celui des dividendes versés n’est pas une mauvaise idée. Les dividendes correspondent à une part du bénéfice de l’entreprise et donc à la richesse réellement produite. Attention ici à ne pas choisir des entreprises que pour leur rendement sous peine de se retrouver avec un portefeuille risqué et/ou de mauvaise qualité.
  • Les actions versant un dividende depuis longtemps, particulièrement celles qui augmentent leur dividende tous les ans (les fameuse dividend aristocrats le font depuis 25 ans !) montrent qu’elles prennent soin de leurs actionnaires. Ces entreprises sont toutefois souvent chèrement valorisées et n’apparaissent donc que peu dans le classement des plus forts rendements.
  • En cherchant des actions offrant un haut rendement, vous pouvez tomber sur des dossiers injustement sanctionnés par le marché. Le haut rendement affiché n’est finalement que le reflet d’une faible valorisation. Il faut alors, à l’image des faibles PER, effectuer quelques vérifications avant de s’emballer.
  • Certains véhicules d’investissement comme le SIIC en France et les REIT outre-Atlantique sont prévus pour le versement d’un dividende important. Ces sociétés immobilières ne payent pas d’IS. Elles sont en échange légalement tenues de reverser une part importante des loyers à leurs actionnaires. Il s’agit d’une solution intéressante, surtout si on les compare à des produits bourrés de frais comme les SCPI.

Que vérifier avant d’acheter une action à fort rendement ?

Choisir une « bonne payeuse de dividendes » n’est donc pas aussi simple qu’il y paraît !

Voici quelques questions basiques que l’investisseur en quête de rendement doit se poser :

  1. Le dividende est-il couvert par le bénéfice net ou au minimum par le free cash flow ? À défaut, l’entreprise s’endette pour payer son dividende ce qui peut s’avérer désastreux.
  2. Le haut rendement observé est-il lié à un dividende exceptionnel sur l’exercice ?
  3. L’entreprise dispose-t-elle d’un long historique de paiement de dividendes ? Le dividende est-il en augmentation ?
  4. Ce haut rendement ne cache-t-il pas un risque important (géopolitique, financier, stratégique, juridique, etc.). ?
  5. L’entreprise est-elle en bonne santé, dispose-t-elle de perspectives de développements, etc., etc. ? Bref, il importe de se poser pour les entreprises à haut rendement exactement les mêmes questions que pour toutes les autres entreprises de la cote.