Il existe énormément de manières de présenter son portefeuille. La plus simple est bien entendu de le voir comme un ensemble de lignes que l’on classe généralement de la plus grosse à la plus petite. C’est ce que je fais à la fin de mes reportings (exemple ici). C’est déjà très utile pour prendre conscience du poids de chaque ligne. Cela peut malheureusement être trompeur, car une représentation par lignes ne témoigne pas de la corrélation entre ces lignes. Alors, on peut décider de présenter son portefeuille par secteurs économiques, par zones géographiques ou — pourquoi pas — par le risque associé à chaque titre.
Là, née rapidement l’idée de créer de beaux graphiques pour visualiser tout cela. C’est exactement ce que j’ai essayé de faire avec la librairie Javascript AnyChart dans sa version gratuite.
Idée 1 : Des catégories sous forme de graphique « sunburst »
Un graphique classique de type pie (ou en camembert pour nous autres français) n’est pas adapté à la représentation de données hiérarchiques. Or, je trouve un peu réducteur d’assigner une catégorie à une action sans créer de sous-catégorie. Par exemple, dire qu’Intel est une entreprise du secteur technologique est insuffisant, c’est une entreprise technologique fabriquant du hardware, plus précisément des microprocesseurs… Pour visualiser ce type de données, on utilise souvent les graphiques sunburst (ou en « soleil »), c’est ce que je vais faire ici avec mon portefeuille.
Le but est de mettre en lumière le poids de chaque catégorie et sous-catégorie dans mon portefeuille. La concentration ou la diversification du portefeuille devraient en être d’autant plus lisibles. J’ai choisi de créer mes propres catégories parce que celles habituellement utilisées sont à mon sens peu représentatives de la réalité.
(Cliquez sur une catégorie ou sous-catégorie pour zoomer sur le graphique.)
Pas de surprise, la tech représente l’essentiel du portefeuille ! La sous-catégorie la plus spéculative (Tech en devenir) représente toutefois autour de 15% du total. C’est beaucoup, mais pas autant que le nombre de lignes qui la composent pourrait le laisser penser. La sous-catégorie « Tech mature » représente elle presque 30%, mais je suis beaucoup plus à l’aise avec le risque qu’elle porte.
L’une des faiblesses qui met en avant ce graphique est la modestie des poches santé et énergie (avec seulement 1% pour les énergies renouvelables) ce qui n’est pas en phase avec ma conviction de long terme sur ces secteurs.
Idée 2 : Une représentation selon le risque
Cette idée part d’un concept que j’aime bien, celui de longue traine (au sens marketing et SEO du terme). Il permet de représenter ce qui se passe souvent sur un site de e‑commerce : quelques produits sont généralement très demandés (haut de la traine) alors que l’essentiel du chiffre est réalisé avec des produits très nombreux mais peu demandés (bas de la traine).
Dans ma tête, mon portefeuille ressemble un peu au graphique typique de la longue traine. Les lignes les plus importantes sont positionnées sur les actions que j’estime les plus sûres, les plus petites lignes représentent des actions plus risquées.
Le but du graphique suivant est donc de percevoir la diffusion du risque dans le portefeuille. Mais comment mesurer ce risque ? J’ai pris le parti de noter chaque titre de manière purement arbitraire. J’ai créé quatre catégories d’actions. J’y ai placé les titres selon mon ressenti et mes calculs. Bien entendu, une action peut passer d’une catégorie à l’autre selon l’évolution de ses perspectives.
Trêve de blabla, voici la représentation de mon portefeuille actualisée le 10 avril 2021 :
Les petits traits noirs dans chaque colonne représentent le prix d’achat : s’il est au-dessus de la couleur, la ligne est en moins-value, s’il est au-dessous, elle est en plus-value.
Bilan ? Globalement concluant ! Le haut du graphique concentre bien les big cap rentables vues comme les entreprises les plus sûres (coloriées en vert). Les moyennes capi rentables se répartissent tout au long de la traine. Les entreprises à revenus récurrents sont surtout concentrées sur la deuxième partie de la traine ce qui correspond à ma conviction du moment (elles sont nécessaires pour équilibrer un portefeuille sans devoir y prendre une place prépondérante). Quant aux actions spéculatives (en rouge), elles sont — elles aussi — surtout présentes sur la deuxième partie de la traine. Le risque individuel qu’elles portent ne peut donc pas porter un grand préjudice au portefeuille dans son ensemble. Il y a tout de même un peu de rouge pas si loin du sommet, il s’agit soit de titres pour lesquels j’ai eu la main (trop ?) lourde, soit de titres dont le cours s’est envolé.
Je suis aussi satisfait de voir des petits traits noirs surtout à la fin de la traine. Ils témoignent de titres en moins-values, mais qui n’ont pas été renforcés au fur et à mesure de la chute.
Idée 3 : Une mappemonde des investissements
Quoi de plus agréable que de faire un tour du monde en contemplant son portefeuille en ces temps de confinement ? L’idée de réaliser une mappemonde avec son portefeuille paraît alors évidente !
C’est pour moi la représentation la plus déceptive du lot. Elle fait certes apparaître une surreprésentation de la France (biais domestique), mais elle est trompeuse. La nationalité d’une entreprise ne préjuge pas de là où elle fait réellement de l’argent. LVMH est par exemple une entreprise française qui ne réalise que 5% de son CA en France. Or, compiler ces données pour chaque société serait très chronophage. Je me suis basé sur la nationalité qui génère donc à une représentation imparfaite. C’est la même chose pour les ETF régionaux ou mondiaux d’ailleurs. Je n’ai pas trouvé comment avec AnyChart attribuer une valeur à une zone géographique au-delà d’un Etat.
D’autres représentations sont également possibles (représenter un portefeuille sous forme de heat map est assez à la mode). Il s’agit là de premiers tests. On va voir ce qui tient le mieux la route à l’usage… Et ce qui m’amuse le plus !