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L’avis de Stan Druckenmiller sur la bulle, les cryptos, la Fed, etc.

M.à‑j. : 23 juin 2022

Stanley Druckenmiller est considéré comme l’un des meilleurs investisseurs de tous les temps1 Depuis 1981, son fond, Duquesne Capital Management (fermé en 2010), a enregistré une performance record de 30% par an. Son opinion n’est pas seulement intéressante parce qu’elle émane d’un homme avec une telle performance, mais aussi parce qu’il est à l’aise dans beaucoup de domaines. Comme George Soros avec lequel il a beaucoup travaillé, il privilégie une approche top-down, aussi à l’aise avec des positions longues que shorts, pouvant alterner paris sur les actions et les changes. Il a récemment donnée une interview vidéo sur YouTube où il expose ses vues sur les mouvements actuels du marché et les qualités nécessaires pour être un bon investisseur. 

Je trouve formidable qu’un homme avec son parcours se prête à ce genre d’exercice ! Il le fait avec la simplicité et la bienveillance auxquelles on reconnait les plus grands. Pour nous petits investisseurs, c’est simplement de l’or en barre.

On regarde et on écoute. 40 minutes. Je vous résume ensuite ce qui m’a le plus frappé.

Une bulle sur les marchés ?

Stanley Druckenmiller voit des similitudes, mais aussi des différentes avec la bulle internet de 99–2000.

La première différence est la politique monétaire qu’il estime folle. Elle pousse à la création de bulles, mais pas uniquement sur les actions de la tech.

Ensuite, la bulle internet de 1995 à 2000 a été poussée par la construction du réseau internet. Aujourd’hui internet est construit, il n’a plus de croissance dans le domaine des infrastructures.

Nous sommes maintenant dans une vague forte de transformation digitale avec un basculement généralisé vers le cloud. Cette vague a été accélérée et renforcée par le Covid. Il n’imagine pas d’effondrement des entreprises du cloud et du SaaS.

Le vrai danger, c’est que la politique monétaire a créé une bulle généralisée sur tous les actifs. La relative bonne nouvelle, c’est que la baisse des valeurs de croissance depuis février a ramené les valorisations sur des niveaux un peu moins bullesques. La rotation sectorielle pourrait encore se poursuivre avec la réouverture des économies, mais les entreprises positionnées sur les secteurs de la « croissance séculaire » devraient bien se comporter à long terme.

Les GAFAM

Au cours actuel, Amazon n’est clairement pas en bulle. S’il devait vraiment choisir entre les GAFAM, Stanley Druckenmiller mettrait en premier Amazon, puis Microsoft.

Alphabet/Google serait encore meilleur s’il était démantelé, car son cœur de business (le moteur de recherche) est littéralement le meilleur qu’il n’ait jamais vu !

Les principaux risques en ce moment

Aucune hésitation pour Stan Druckenmiller, le gros risque sur les marchés en ce moment c’est que l’inflation soit assez forte pour générer un changement de politique de la Fed. Pour lui, le compte à rebours est déjà lancé.

La bulle générée par la politique monétaire dure depuis si longtemps que le marché pourrait dévisser très fortement en cas d’ajustement forcé. Les valeurs de croissance seraient logiquement les plus affectées.

Sur le plan géopolitique, Taïwan est ce qui l’inquiète le plus. Il n’imagine toutefois pas la Chine tenter une manœuvre avant les Jeux olympiques d’hiver qui se tiendront à Pékin en 2022. 

La diversification

Les grands investisseurs — il cite Warren Buffett, Carl Icahn et George Soros — ont une chose en commun pour Stan Druckenmiller : ils placent de larges positions sur leurs convictions. Il s’oppose donc à une trop grande diversification.

Pour lui, la concentration d’un portefeuille diminue paradoxalement son risque en diminuant le nombre d’éléments à surveiller. Il cite Mark Twain : « mettez tous vos œufs dans le même panier et surveillez attentivement votre panier ».

Personnellement, je me demande si ce qui vaut pour les grands investisseurs peut valoir pour le commun des mortels…

Quand vendre ?

Vendre une action automatiquement si elle perd plus de x% (ce qu’on appelle un stop loss) est le truc le plus débile qu’il connaisse.

Pour vendre une action, il faut que la thèse d’investissement change. Le cours où elle est n’entre pas dans l’équation. Si votre investissement perd 20% de sa valeur, ça ne veut pas dire qu’il faut vendre, ça veut dire qu’il faut vérifier si votre thèse tient toujours la route, c’est tout.

On ne parle pas d’ego, mais de faire de l’argent. Lui-même a souvent tort. C’est inévitable, il faut simplement savoir réagir. Par contre, il faut maitriser sa psychologie dans la réaction. Il a soldé ses positions en 1999 pour éviter la bulle puis il est revenu presque au plus haut de la bulle ! Pourquoi ? Parce qu’il avait laissé ses émotions commander.

Je n’ai pas besoin de comprendre totalement un phénomène si je le vois sans arrêt se répéter

Stanley Druckenmiller

Les cryptos

Il relie l’engouement pour les cryptomonnaies aux politiques monétaires qu’il trouve une nouvelle fois délirantes. Même le Dogecoin c’est la faute de Jay Powell !

On sent qu’il apprécie qu’on ne puisse pas émettre des bitcoins comme la FED le fait avec le dollar. Il regrette de ne pas avoir acheté plus de bitcoins.

On le sent ouvert sur la question. En tout cas, il est impressionné par l’engouement pour les cryptomonnaies chez les jeunes, mais il pense que les vainqueurs ne sont peut-être pas encore connus. Autrement dit, il croit au phénomène, particulièrement face à des banques centrales trop accommodantes, mais il considère comme difficile de dire aujourd’hui quelles cryptos seront finalement largement admises et quelles entreprises en profiteront.

On retrouve dans ce qu’il dit quelque chose qui a déjà été mis en avant par Warren Buffett : s’il est facile de voir qu’une innovation va avoir un grand succès, il est difficile de prévoir dès le début qui va en bénéficier. On l’a bien sûr vu lors de la bulle internet de 1999–20002 L’internet a bien révolutionné le monde, mais personne n’avait prévu que ce serait les GAFAM qui en serait les grands vainqueurs, mais aussi lors du développement de l’aviation ou du ferroviaire. 

La qualité d’un bon investisseur

La première condition pour réussir dans le domaine de l’investissement, c’est la passion. Ceux qui sont passionnés finissent toujours par surpasser ceux qui ne sont là que pour l’argent.

Vive les investisseurs boursophiles !

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    Depuis 1981, son fond, Duquesne Capital Management (fermé en 2010), a enregistré une performance record de 30% par an. Son opinion n’est pas seulement intéressante parce qu’elle émane d’un homme avec une telle performance, mais aussi parce qu’il est à l’aise dans beaucoup de domaines. Comme George Soros avec lequel il a beaucoup travaillé, il privilégie une approche top-down, aussi à l’aise avec des positions longues que shorts, pouvant alterner paris sur les actions et les changes
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    L’internet a bien révolutionné le monde, mais personne n’avait prévu que ce serait les GAFAM qui en serait les grands vainqueurs
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